Le village caché de la neige. Sa sempiternelle et terrible météo. Des bourrasques enneigées, ou bien des torrents diluviens. Difficile de se sentir chez soi lorsqu’on vit sur l’archipel, car il semble rejeter toute forme de vie en les contraignant à une vie difficile.
Atsuko ne s’était jamais sentie bien dans ce pays, dans ce village. Peut-être qu’elle avait tout simplement été trop habituée au soleil et à la chaleur des habitants du pays du feu pour que, jamais, elle puisse revenir au style de vie de l’archipel ?
En tous les cas, elle était une kunoichi de la neige depuis qu’elle était née. Et même si ça avait failli basculer, ça n’avait jamais changé.
Aussi, lorsqu’elle avait reçu sur sa moitié de parchemin jumeau la convocation à une mission qui se déroulerait à Yuki, elle avait accouru, mettant immédiatement fin à toutes ses occupations.

Elle avait tout de même pris le temps de passer visiter son paternel. Plus une visite de routine, de courtoisie. De la politesse en bonne et due forme. Gakudo l’accueillait toujours à bras ouverts. Atsuko avait même le droit à une étreinte devant ses invités, à des questions qui semblaient s’intéresser à elle.
Mais Gakudo Hazara était un homme froid, qui ne se souciait que du bon déroulement et de la bonne apparence des choses. Un vrai yukéen en somme. Au moins, elle avait trouvé grâce à ses yeux et ne manquait de rien. Ne manquerait jamais de rien, d’ailleurs. Sa fortune colossale était suffisante pour couvrir des dépenses sur trois générations.
Puis, elle avait argué une mission à faire au village, et s’était éclipsée. Il avait semblé satisfait. Evidemment, qu’elle fasse bien son boulot était une bonne chose à ses yeux. Lui-même n’avait jamais été ninja, mais il avait un fier sentiment patriotique, et que sa fille reprenne ce flambeau à sa manière le contentait.

Atsuko attendait près des portes du village de Yuki que l’objectif de sa mission ne daigne pointer le bout de son nez. Elle s’était simplement adossée contre un mur, le visage et le corps couvert par un manteau à capuchon. Elle avait un verre de vin chaud à la main, et elle prenait tout son temps pour le descendre.
Ce n’était pas vraiment une couverture parfaite ou invisible, mais au moins elle avait l’air de faire quelque chose. Et vu son jeune âge, son physique d’adolescente était déjà la moitié d’une couverture à lui tout seul.
L’homme qu’elle attendait se pointa finalement devant les gardes, qui se mirent à le fouiller, le contrôler, et demandèrent à son escorte de le laisser rentrer seul dans la ville. Il n’avait évidemment pas la permission d’être accompagné. Le marchand paya les trois mercenaires immédiatement, et ceux-ci s’en furent sans demander leur reste.

** Fudo Kurunai. Le voilà enfin, j’ai cru qu’il ne viendrait jamais. Bon, il est seul et d’après les informations fournies par la mission ce n’est pas une grosse menace. Un laveur de pont qui a abandonné la piraterie il y a des années … Tu parles d’une mission pour démontrer mes qualités d’espionne. Une banale filature. Et il ne risque pas d’arriver grand-chose. **

Frissons.

** Et en plus il fait froid. **

Bon au moins ce serait une mission calme. Un peu différente de ces errances dans les plaines, aux abords du pays du feu. Moins agréable, peut-être, sans le soleil pour lui tenir compagnie mais ça avait au moins le mérite de la tenir occupée pour une journée. Et comme elle était revenue à Yuki pour la mission, Atsuko avait pu se débarrasser de quelques obligations familiales pesantes.

Fudo Kurunai était laid. Il n’y avait pas d’autre mot. Atsuko s’en accommodait bien, par contre. Son faciès vérolé se suivait d’autant plus facilement. Il était grand, dans l’obésité morbide, et son pas semblait faire trembler le sol sous ses pieds. Et il soufflait comme un bœuf à chaque fois. Il trainait derrière lui une petite charrette avec différentes boites en bois. Sans doute le riz qu’il venait vendre aujourd’hui.
Même s’il avait la tronche d’un ancien pirate, il n’avait pas l’air spécialement dangereux ou porté à faire quelque chose d’irréfléchi.
Bon, Atsuko allait quand même faire son boulot. Elle attendit qu’il la dépasse, et se mit à bouger à son tour, après avoir vidé d’une traite, et reposée sa tasse de vin chaud sur le comptoir.

Les deux hommes parlent à voix très basse, tu perds donc du temps à te rapprocher avant d'entendre ce qu'ils se disent et tu n'entends que la fin de la conversation.

" ... et n'oublie pas de remplir ta part du marché. Tu dois encore pas mal de fric, et je sais que t'en as avec ton commerce. Si tu fais pas ça pour nous, faudra payer en cash. ''

L'autre s'approche jusqu'à être quasiment collé au cultivateur.

" Et j'espère pour toi qu'on se reverra pas. "

Le premier dépose alors un petit médaillon sur le comptoir, tu ne vois pas bien ce que c'est, puis ils s'en vont tous les deux.