J’étais de retour à Yuki. J’étais encore sous le coup de l’émotion. Etre plongée dans un Genjustu pour la seconde fois, tout cela attisait ma curiosité. La personne était douée, c’était indéniable. Ses techniques ne ressemblaient en rien à ce que j’avais pu lire des techniques ninjas. Elles semblaient être de véritables créations. La plupart des utilisateurs de Genjustu se contentaient de s’en servir pour affaiblir leur adversaire, que ce soit physiquement, ou mentalement. Mais elle, elle s’en était simplement servi pour me faire passer un message. Je n’avais aucune séquelle, aucun symptôme, alors qu’elle s’était introduite dans mon cerveau, modifiant ma perception.

Je faisais certes des choses similaires lors de mes spectacles de rue, mais les gens en ressentaient les conséquences par la suite. Nausée, mal de crâne, j’avais pu remarquer ces effets secondaires chez les spectateurs. Je ne pouvais émettre deux hypothèses à ce sujet. La première était le manque de résistance des spectateurs. Ce n’était pour la plupart du temps que de simples civils, n’ayant aucune connaissance, si ce n’est théorique, du chakra et de son utilisation. Leur résistance physique et mentale était donc faible par rapport à la mienne, ce qui pouvait expliquer leur état. Mais cela ne collait pas. Je n’étais pas très expérimentée pour une kunoichi, mais elle, elle me paraissait être une grande adepte des illusions, poussant son art à l’extrême. Ma résistance mentale était donc très faible comparée à la puissance de ses illusions.

Ce qui m’amenait donc à ma deuxième hypothèse. L’appartenance à un clan mineur, ou la création de ses propres techniques. L’illusion était trop parfaite, j’étais convaincu qu’elle pouvait même créer une illusion tellement réaliste, que la personne pensait l’avoir réellement vécue, et qu’elle ne pouvait se rendre compte d’avoir été bernée. Si ce genre de technique existait, je n’osais imaginer son utilisation pour un ninja. On pouvait élaborer tellement de stratégies grâce à cela, soutirer des informations, régler des conflits.

* Je dois trouver des informations à ce sujet. Savoir si l’existence d’un clan mineur maîtrisant les illusions existe. Si c’est le cas, alors j’aurais un début de piste. *

Quel était le meilleur moyen de trouver des informations ? La bibliothèque, à n’en pas douter. Le rang de Genin me permettait d’accéder à plus d’ouvrages qu’une personne lambda. Je ne m’étais jamais rendu à celle de Yuki, mais elle devait contenir bon nombre d’ouvrages intéressants. Notamment concernant les clans, après tout cela était très formateur pour un ninja de connaître ses potentiels adversaires. Et puis, si je ne parvenais pas à avoir des résultats concluant, je savais où chercher, mais je préférais ne m’y rendre qu’en dernier recours.

Je me dirigeais donc en direction de la bibliothèque, située dans le quartier central, non loin du palais des glaces. L’Antre du Savoir. Le nom était classe pour une bibliothèque, il fallait l’avouer. La bâtisse était impressionnante par sa taille, bien que ridicule à côté du palais de glace. J’étais passé devant bien des fois, mais sans jamais y prêter attention. L’endroit était gigantesque, il devait contenir de nombreux ouvrages. J’étais confiante pour mes recherches.

« Bonjour, je me présente, Chika Nara, Genin de Yuki. Je suis à la recherche d’ouvrages sur les clans mineurs, mais j’ai peur de me perdre devant la quantité impressionnante de livres conservés ici. Vous pouvez m’aider ? »

Je m’adressais à une jeune fille. Très jeune même, mais si elle était à l’accueil, c’est que ses capacités devaient être suffisante pour gérer une bibliothèque. Une sorte d’enfant génie sûrement. Après tout, à Yuki la sélection était tellement rude que seul les meilleurs tenaient. Peu importe leur âge. Sur sa veste était accroché un badge avec écrit son badge. Kinta.

« Bonjour et bienvenue ! Les ouvrages sur les clans mineurs ne sont pas très nombreux. Ce sont la plupart du temps des clans très discrets, ne souhaitant pas dévoiler leurs capacités aux yeux du monde. Quand on voit comment la grande période des clans a fini, on ne peut que leur donner raison. Mais je vais voir ce que j’ai qui pourrait vous intéresser. Vous pouvez vous installer à une table pour patienter, je n’en ai pas pour longtemps. A toute de suite ! »

« Merci beaucoup. »

La jeune fille s’eclipsa. Elle semblait beaucoup s’y connaître dans son domaine. Elle serait certainement d’une aide précieuse.

Je m’installais à une table non loin, attendant patiemment qu’elle me ramène les ouvrages.

J’attendais patiemment le retour de Kinta. J’étais curieuse de voir les différents ouvrages qu’elle allait me rapporter. Et surtout s’ils allaient être pertinents pour mes recherches. Je l’espérais profondément. Ma solution de secours pour trouver des informations était très facile en théorie, il suffisait que je me rende non loin de Shousan pour avoir accès à de nombreux documents. Mais je ne me sentais d’aller dans ce lieu, que je connaissais, mais où je n’étais pas chez moi. Mais j’avais bon espoir que Kinta me rapporte des ouvrages intéressants. Après tout, Yuki était tout de même un village important, il fallait juste espérer que les documents qui pouvaient m’intéresser ne soient pas confidentiels.

Un jeune homme vint s’assoir en face de moi. Sérieusement, la bibliothèque n’était pas assez grande pour qu’il trouve une autre table à laquelle s’installer ? De plus, il n’avait aucun ouvrage entre les mains, il se posa juste, et commença à me fixer. Impossible de réfléchir calmement avec une telle présence en face de soi. Non pas qu’il était spécialement beau, pas moche non plus, à vrai dire je n’en avais cure, des hommes, on en avait à la pelle si on le voulait nous les femmes. Il n’était même pas nécessaire de prononcer un seul mot pour se retrouver allongée les jambes en l’air. La puissance du sexe féminin. Par contre eux, devaient déployer une énergie considérable avant de trouver une personne avenante.

D’un geste brusque, il se décida à sortir de sa position pour la moins décontenancent et attrapa quelque chose de sa poche qu’il me tendit. Une espèce de caramel au premier regard, ce qu’il me confirma. Une proposition peu banale pour aborder une personne. Enfin, j’avais entendu dire que la drague culinaire devenait la méthode à la mode, donc plus rien ne pouvait me perturber.

* Après tout, maintenant que j’y pense, depuis mon entrée dans l’armée je n’ai pas eu le temps de souffler. La mission concernant le chimiste, la surveillance du pont en tant que cantinière, la rencontre pour le moins mouvementée avec Hanya et mes équipiers, découlant directement sur une mission de rang B. Il y a bien eu mon moment de détente au bain de Suiko, mais très vite interrompu par l’illusion. Un peu de repos ne peut pas me faire de mal. Je ne devrais pas, mais j’ai l’occasion sous la main. Et quelque chose me dit que ça pourrait énerver Konjuro, ce qui ne serait pas pour me déplaire. Allez, laisse-toi aller Chika. *

Je saisis le bonbon du bout des doigts, d’un geste gracieux. Je déballai le bonbon et le mis en bouche. Pas mauvais. Je n’étais pas adepte des sucreries mais celle-ci avait quelque chose de différent, moins piquante, moins chimique, le goût était beaucoup plus naturel. Je le remerciais d’un geste de la tête.

Je fus interrompu par Kinta qui revenait des étagères. Elle avait été très rapide à rassembler les différents ouvrages, c’était une vraie professionnelle à n’en pas douter.

« Et voilà Madame, j’ai rassemblé tout ce que je pouvais sur le sujet. Hélas comme je vous en avais informé précédemment, les ouvrages sont peu nombreux, ou confidentiels, il n’y en a que 4 traitants explicitement de votre question. Il doit bien y avoir d’autres ouvrages présents dans notre bibliothèque mentionnant les clans mineurs, mais cela ferait à mon sens énormément de recherches pour peu de résultats. Je vous conseille de ne vous attaquer à cette méthode qu’en dernier recours. Bonne lecture ! »

« Merci beaucoup, encore une fois. »

Bien que la lecture des ouvrages dût être une priorité, ils attendraient. J’avais décidé de prendre du bon temps, au moins quelques minutes, au mieux quelques heures. J’attendis que Kinta retourne à l’accueil. Bien que ce ne soit pas dans mes habitudes, j’entamai la conversation avec le jeune homme. Il avait faire l’effort de venir vers moi, je pouvais bien à mon tour en faire un.

« Chika, enchantée. Tu sembles être Genin, c’est étrange je ne t’ai pas vu à l’académie. Tu as été promu récemment ? »

Oui, un peu de conversation de bas étage ne pourrait faire de mal. Cela me permettrait de me vider la tête.