Nom :Akiro, ‘fils de l’automne’
Age :17 automnes
Grade :Touriste (lvl 2)
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Nindô : Winter is coming…… Juste après l’automne.
Thème musical : [url=copier le lien ici]J'y réfléchis ^^[/url]
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« L’hiver arrive mon fils. »
Le dos courbé et large, les manches retroussées sur des bras noueux malgré le froid sec qui harassait la montagne, mon père fixait l’horizon, perdu dans les méandres de ses pensées. Bucheron solitaire il n’avait pas pour coutume de parler ni de s’appesantir outre mesure. Pourtant j’avais toujours décelé en lui une intelligence muette, comme s’il pouvait voir en amont du commun des mortels.
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Une gifle ricocha sur mes dents. Je sortis de ma bulle quelques instants, ouvris les yeux, et plongeai mon regard dans celui de mon geôlier. Je n’avais pas de ressentiment à son égard, pas d’animosité. Non. Au début oui. Mais avec le temps, on oublie jusqu’à haïr ses tortionnaires. Le cœur se ferme. L’esprit se réfugie au plus profond de son subconscient. Tant et si bien que la haine nous parait aussi futile que la douleur et la frustration.
Il ne reste alors plus qu’une froide résignation, aussi froide qu’une accolade avec la mort.
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Je ne connaissais rien de son histoire personnelle, rien de sa rencontre avec maman, de sa propre enfance. A vrai dire, je ne savais rien du monde. J’étais née ici, j’avais grandis ici dans la montagne. Je n’avais pas d’amis, pas de famille hormis mon père, et pas de contact avec la civilisation hormis les quelques voyageurs égarés cherchant refuge pour passer la nuit.
*A quoi penses-tu ? *
Je ne voulais pas le perturber dans sa méditation. J’appréciais simplement ce moment en sa compagnie. Qu’elle était rassurante.
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Une nouvelle gifle. Puis un direct dans l’estomac. Puis une droite dans la tempe.
Je crachai nonchalamment une molaire et clignai des yeux, sonné.
« Il n’y a vraiment rien à en tirer. Ça fait 5 ans qu’on le bouscule mais il n’a toujours pas éveillé le don qu’on lui a offert.
-Ouais, encore un échec. A croire que cette hérédité est vouée à disparaître. Quel dommage. J’imagine qu’un pouvoir aussi sauvage se doit de rester indomptable. »
Ainsi donc cela faisait cinq longues années qu’ils me torturaient quotidiennement. Sans exagération. Sans sadisme. Un supplice programmé, planifié. Pourquoi ? Pourquoi moi ? Que cherchaient-t-ils ?
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Il se tourna vers moi. Un mince sourire illumina son visage dur mais juste.
« Mais le printemps finira toujours par percer. »
Encore une fois, je ne savais pas s’il y avait un message subliminal ou non. Du haut de mes dix ans, difficile d’appréhender la parole d’un adulte, surtout celle d’un homme aussi subversif que lui. J’acquiesçai, gêné de ne pas saisir les tenants et aboutissements de ce qui semblait être le fruit d’une réflexion profonde.
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« -Ouep, quel dommage. Une telle arme en temps de guerre aurait été un atout précieux. Mais tous les sujets sont morts. C’est notre dernier cobaye, le seul qui a résisté. Je ne sais pas à quoi il s’accroche mais il s’y accroche solidement le bougre !
-Continue…. »
S’accrocher ? A quoi pourrais-je bien m’accrocher ? Je discernai dans la pénombre une silhouette s’éloigner.
« …. Mais cette fois-ci, ne t’arrête pas. On a assez perdu de temps comme ça. Pousse le à bout, achève-le. »
Je fermai les yeux. Enfin.
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J’ouvris les yeux sur un ciel lisse et calme, d’un bleu azur, pétillant.
Je levai ma main droite à hauteur de regard, pliant, dépliant les articulations de mes doigts ; circonspect.
« Te voilà réveillé mon petit ! Comment tu te sens ?! »
Je tournai mollement la tête et aperçus un homme, de dos, assis à l’avant d’une carriole qui cahotait tirée par un âne corpulent. Qui était-il ? Que faisais-je ici ? Comment m’étais-je retrouvé là, allongé à l’arrière du véhicule d’un inconnu ? La panique s’emparait peu à peu de moi au fur et à mesure que les questions s’entassaient à la lisière de mon esprit. Instinctivement je cherchai à me lever mais je fus secoué par une vague de douleur qui me plaqua sur le plancher.
« Reste tranquille va, dans l’état où tu es tu ne risques pas de faire grand-chose. Ne t’en fais pas je ne te ferais pas de mal. »
Beaucoup de sérénité dans cette voix. Une voix d’homme mûre, une voix équilibrée et profonde. Difficile d’y déceler du mensonge ou de l’hypocrisie. Et de toute façon, je n’avais pas d’autre choix que de le suivre.
Bercé par le cahotement irrégulier de la bête de somme je fermai les yeux, le corps comme anesthésié de toute douleur et l’esprit émancipé de toute gravité.
C’était grisant.
« Quelle chance que tu sois tombé sur un ancien médecin mon petit. Ma femme va t’adorer. »
Je dormais déjà.
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« Allez debout là-dedans, le soleil se lève, je pars pour Shi no Kuni avant l’aube ! »
Cela faisait 2 ans qu’Itami m’avait recueillis. Après seulement 1 mois de convalescence et grâce à ses bons soins et à ceux de sa femme Kushina je pouvais de nouveau marcher et entreprendre des tâches physiques. Le vieux couple m’avait fait une place dans leur étable, avec leur unique âne et leurs cinq poulets. Ils vivaient en retrait d’un petit village à 2 jours de route de Shi no Kuni. Lui était médecin et elle était une cuisinière à la retraite. Un couple modeste, sans enfant, sans prétention et très cultivé en matière d’anatomie, de biologie et de tout ce qui touchait de près ou de loin le corps humain. Itami possédait par ailleurs une petite bibliothèque remplie de pure merveille dans son bureau. Je ne comptais plus les nuits passées à escalader le mur pour me glisser silencieusement dans son antre.
« Dépêche-toi, je pars ! »
Il avait effectivement pris le large au petit trot sur sa carriole branlante.
« Au revoir madame Tanaka, merci pour tout je ne l’oublierais pas.
-Je t’ai déjà dit de m’appeler grand-mère !!»
Au moment où je m’apprêtai à dévaler les marches du perron elle m’attrapa par le bras et m’adressa une accolade pleine de tendresse.
« Fais attention à toi mon petit, tu t’apprête à rentrer dans la gueule du loup. Et reviens nous voir dès que tu peux ! Itami est plus facile à vivre quand tu es là !»
Je hochai silencieusement la tête et lui rendis son sourire.
Le Loup. L’empire de Shi. Je devais y aller et profiter de leur enseignement. Malgré tout le respect que j’avais pour Itami, il n’était plus en mesure de m’apprendre quoique ce soit. Il me fallait l’aide d’hommes expérimentés et formés à ça.
Je devais aller de l’avant et trouver ma propre voie.
« J’ARRIVE !! » criais-je en m’élançant à la poursuite de mon premier mentor.
Un dernier regard en arrière, une dernière capture d’écran.
Il me fallait surtout des réponses.