Je me sens comme … happée. Le monde se rétrécit très vite, comme si je passe dans un typhon. De plus en plus petit. Et puis soudain, le vide. Un très court instant. Et je me retrouve à nouveau dans la pièce où Hanya nous avait accueillis quelques minutes auparavant.
Je suis seule cette fois. Qu’est-ce que cette nouvelle folie ? Je regarde ma main. Elle saigne encore. Je concentre du chakra médical dans l’autre afin de la guérir. Résorber l’hémorragie, recoudre les tissus. Ce qui prend des heures d’ordinaire ne devient qu’un enfantillage pour un ninja médical. La première fois que j’ai découvert cette technique, j’étais à deux doigts de crier au scandale. A quoi avait bien pu me servir toutes les années passées ou devant des corps plus morts que vifs, dans la bibliothèque de mon clan, à étudier la médecine et l’anatomie ?
Je sais aujourd’hui que le ninjutsu médical n’a aucune raison d’être sans ces apprentissages préalables. A quoi avoir un chakra qui peut soigner, si on ne sait pas le guider comme il le faut ?
La plaie est refermée, mais pas celle que Hanya est en train de nous ouvrir au cerveau. Elle est retorde. Je ne me suis pas planté cette aiguille dans le but de sortir du genjutsu. Plutôt pour montrer à Konjuro que je ne suis pas une gamine et que je n’hésite pas à faire ce qu’il faut faire. Si, au lieu de discuter, l’un de mes nouveaux ‘’équipiers’’ avait tout simplement bien voulu tenté mon idée je n’en serais peut-être pas là.
Enfin, m’énerver ne va pas me faire avancer. Encore que ça reste à prouver : même si on ne peut pas se sortir d’un genjutsu par soi-même, j’ai quand même réussi à provoquer quelque chose. Une sorte de … fluctuation. A l’intérieur même de l’illusion.
J’espère que Chika et Konjuro ne vont pas décider que finalement mon idée était bonne et faire la même chose que moi. Si on se retrouve coincés tous les trois ici, on n’en sera pas plus avancé qu’auparavant.
Je jette un coup d’œil dans la pièce. Plus de porte au fond. Et plus de porte qui me permet d’accéder à la salle principale. Plus de porte du tout, plus de fenêtre aussi. Alors quoi ? Je suis … Coincée ? Prisonnière ? Qu’essaie de me dire notre senseï ? Je suis … punie ? Cela me paraît un peu trop enfantin, en vérité. Mais après tout, je ne la connais pas.
Je continue de regarder autour de moi. Au sol, il y a un shuriken de papier. Il est corné au niveau d’une des pointes. Un lien avec la dimension d’où je viens ? Je regarde encore un peu aux alentours. Non, il y en avait trois là où sont encore Konjuro et Chika.
Un peu machinalement, et parce que je n’ai rien d’autre à faire, je me baisse et je le ramasse. Je le manipule. Je cherche un message caché.
Et quand je redresse les yeux, blasée, et m’apprête à me poser pour attendre, le monde autour de moi a changé. Oh, je suis toujours dans la pièce. Mais elle est différente. Je vois tout en … transparence ? Les murs, les personnes. Car maintenant ils sont là. Mais eux ne semblent pas me voir.
Je vois Chika, qui barre la route vers la porte à Konjuro. De l’autre côté de la porte, il n’y a qu’Hanya qui attend dans une autre pièce. Elle est en train de faire des origamis. Des shurikens de papier, encore ? Chika avait suggéré une Hazara, mais elle aime peut-être simplement faire des origamis. J’ai plus l’impression que son lancer de shuriken était un indice qu’elle nous a laissé.
En fait, je suis comme une sorte de fantôme. D’esprit frappeur. Je suis enfermée dans une dimension qui fait que je vois tout, mais que personne ne me voit. Je vérifie rapidement si je peux passer à travers la porte. Impossible.
Un sourire nait sur les lèvres d’Hanya. Elle peut me voir elle, alors ?
Je vois aussi les deux chats maintenant. L’un est à la porte qui mène à Hanya, l’autre à celle qui mène vers la salle. Cela veut dire qu’ils sont mes … limites ? Il y aussi les clients, les serveuses, le cuisinier … Tout le monde, transparent.
Et le shuriken de papier dans ma main s’est multiplié. J’en tiens trois désormais. J’essaie vaguement de toucher l’épaule de Chika. Je la traverse. Je suis définitivement dans une sorte d’autre plan. C’est de plus en plus difficile à comprendre, je perds un peu pied dans ces différents éléments nouveaux qu’on me propose pour résoudre l’énigme.
Trop de données d’un coup. Je n’arrive pas à me concentrer. Je prends un instant pour recouvrer mon souffle. Puis je rouvre les yeux. J’ai peut-être une idée. Je regarde l’endroit où les autres shurikens de papier ont put tomber. Ils ne sont plus là. Cela signifie qu’ils sont maintenant ma réalité, mais plus celle de Chika et Konjuro ?
Je suis pris d’une sorte … d’éclair. Une idée à nouveau. J’essaie péniblement d’emboiter les éléments les uns dans les autres pour parvenir à un résultat.
J’inspire. J’expire. Et je me positionne à l’endroit où j’étais quelques instants plus tôt. Puis je lance un shuriken de papier dans la direction de Konjuro. Moi mis à part, ils sont la seule chose qui a changé de ‘’plan’’. Peut-être le feraient-ils à nouveau si je les lâchais ?
Qui ne tente rien …